Des palmiers. Des sourires sous des lunettes de soleil, des voitures rouges et vertes et jaunes. Un personnage aux cheveux jaunes, un black en pull mauve, un moustachu en costume rose, un couple qui danse devant des lampions verts, un perroquet vert, lui aussi. Un couple rose, paupières orange, chevaux jaunes. Deux pépettes qui se déhanchent, robe rose, robe bleue. Une piscine bleue, des transats rouges.
Sophie d’Ansembourg s’amuse. Elle ne débat pas sur la fonction de l’art. Elle ne livre aucun message critique sur notre société. Non. Elle peint. A l’huile, avec des couleurs directes, primaires, en larges aplats à la matière brillante. Venue du réalisme et n’ayant pas exposé depuis une dizaine d’années, sa nouvelle proposition, presque fauve, peut troubler ceux qui la suivaient. Directe et spontanée, elle donne à voir un instantané coloré du quotidien. L’artiste ne s’en cache pas : elle peint pour le plaisir. Un comble !
Au départ, ce sont les dessins de ses enfants qui l’ont inspirée. Et ses nombreux voyages. Ainsi que Basquiat, le peintre américain d’origine haïtienne. Comment peindre la réalité avec un regard frais, ludique, presque naïf? Les sujets qu’elle aborde aujourd’hui sont récurrents : palmiers, personnages, voitures… Mais ils ne sont que des prétextes à manier la couleur, à coller à côté l’un de l’autre un jaune et un rose, puis un bleu turquoise. Les sujets sont l’architecture qui supporte son travail sur la couleur. Tout est anecdotique sauf le processus de peindre. D’ailleurs, sur une même toile, les sujets se sont transformés d’un jour à l’autre dans l’atelier, d’une couche à l’autre. Chaque toile devenant ainsi un instantané de la vision du peintre.
Et puis, il y a l’humour, aussi. Une dédramatisation voulue de la réalité. Une vision aplanie des heurts du quotidien. Des personnages heureux, qui se baladent, dansent, se baignent. Un peu illustratifs, un peu cartoon, ils ne demandent rien, ils vivent dans ces grandes toiles présentant des paysages aplatis, sans perspective. Ou dans ces petits formats sur lesquels ils prennent la pose. Plein de petites histoires se racontent ; une douceur de vivre, une empathie pour les personnages se développe.
Dans « Roller Blade », un grand paysage aplati, tous les éléments sont présentés de front. Des palmiers, quelques maisons, des petits personnages. De grands aplats bruts font le lien entre tous les éléments. Ils tracent comme des chemins entre ceux-ci. Ou des rivières. Le flux d’énergie circule : ici un chien noir, plus bas une femme sur une serviette de bain, puis on remontre vers un arbre couvert d’oiseaux de toutes les couleurs. Tournez à gauche vers la buvette surmontée d’un cœur, puis vers un arbre rose qui ressemble à une main. Il est permis de sourire. Il est permis de s’en mettre plein les yeux. Il est permis de s’amuser.
- Sophie d’Ansembourg
- Goeiedag, bonjour
- Alice Gallery
- Bruxelles
Paru en 2011 dans L’Echo
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